Full Metal Panic! The Second Raid

Jaquette de l'édition américaine complète de la série TV Full Metal Panic! The Second RaidDe nos jours, une unité de mercenaires anti-terroriste appelée Mithril lutte contre les régimes autoritaires pour prévenir les guerres civiles et imposer la paix : leurs moyens dépassent ceux des plus grandes puissances et leurs soldats comptent parmi les meilleurs. L’un d’eux, le jeune sergent Sagara Sousuke, est chargé de protéger la civile Chidori Kaname, mais, enfant-soldat depuis toujours, celui-ci a toujours vécu dans un environnement militaire et son attitude dans la vie quotidienne se montre souvent… bizarre.

Au cours d’une mission de Mithrill dans un pays du Tiers-Monde, l’équipe de Sousuke découvre qu’une organisation inconnue fournit du matériel de pointe à des dictatures locales : un équipement ultra-sophistiqué capable de déjouer la technologie supérieure de Mythrill au point de menacer son existence même…

Avec un quota d’épisodes réduit de moitié par rapport à Full Metal Panic! (Koichi Chigira ; 2002), la série originale qui lança la franchise en série d’animation, The Second Raid ne s’encombre pas d’épisodes de remplissage et réduit l’humour à sa plus simple expression, la meilleure, pour aller directement au cœur du récit. Quant aux nouveaux-venus à la licence Full Metal Panic!, une paire d’épisodes d’introduction leur permettra de ne pas être trop perdus.

Plus que l’action pure et simple, les développements psychologiques, suspense et intrigues sont les maître-mots de cet opus qui frise presque le Roman Noir par moments. On apprécie de voir l’organisation de Mithrill mieux détaillée : c’est une belle occasion de constater que, comme tous les groupes de gens, ses membres ne sont pas toujours sans taches en dépit de leur mission de préservation de la paix, bien au contraire. Un aspect présenté à la fois avec sobriété et efficacité, et tout à fait bienvenu dans cette séquelle qui se veut définitivement moins « désinvolte » que l’original, voire presque sérieuse, affirmant ainsi cette franchise comme un digne successeur de Patlabor (Mamoru Oshii ; 1988) ou de Gasaraki (Ryousuke Takahashi ; 1998), au moins dans le genre « politique fiction » à défaut du réalisme des mechas.

La relation entre Sousuke et Chidori y prend des tournants inattendus et assez originaux, en tous cas dans la facture, alors que des personnages à peine évoqués dans la première série – comme le frère aîné de Tessa Testarossa – font ici leur apparition dans des rôles pour le moins surprenants. Le « méchant » de l’histoire, quant à lui, s’avère un pur psychopathe dont l’interprétation et l’animation valent le détour à eux seuls : à sa façon, il n’a absolument rien à envier à un Hannibal Lecter et, pourtant, c’est bien un des personnages les plus « drôles » de la série. Quant au final et ses multiples points obscurs, il laisse présager une suite au potentiel très intéressant – bien qu’elle se fasse toujours attendre à ce jour…

Avec une réalisation de très bonne facture, bien servie par une infographie discrète et efficace, Full Metal Panic! The Second Raid est une séquelle comme on aimerait en voir plus souvent : à voir, pour les fans de la franchise comme les autres, ils ne seront probablement pas déçus eux non plus.

Notes :

Cette série est la séquelle directe de Full Metal Panic? Fumoffu (Yasuhiro Takemoto ; 2003) et une adaptation du manga Owaru Day by Day créé par Shoji Gato et Tateo Retsu, les mêmes auteurs que la version papier originale de Full Metal Panic! (2000) – disponible en neuf volumes chez Panini Comics.

L’OVA Full Metal Panic! TSR Zenyasai ~ Light novel no yoake ~ est un making of de Full Metal Panic! The Second Raid qui nous montre les studios de production ainsi que diverses interviews de personnes ayant travaillé sur la série.

The Second Raid connut une séquelle en 2006, sous la forme d’une OVA en un seul épisode, portant le même titre et par le même réalisateur.

Épisode 1 :
– l’organisation Mithril utilise des noms de pierres runes, un ancien alphabet germanico-scandinave, pour désigner ses unités d’intervention et leur rôle durant une opération – rappelons que « mithril » vient de la trilogie Le Seigneur des Anneaux (1954-1955) de J.R.R. Tolkien (1892-1973) qui s’inspira des mythologies scandinaves pour la création de son épopée – ; ainsi, Gebo représente le sacrifice, Uruz – le nom de code des mechas, ici appelés Arm Slaves – représente la force masculine, Teiwaz représente le dieu de la guerre Ziu, et enfin Perth représente la vie – dans le sens de « danse » ou de « jeu ».
– le M9 Gernsback, un AS de 3éme génération, constitue l’arme principale de Mithril et présente une technologie inégalée ; il porte le nom de famille de Hugo Gernsback (1884-1967), qui fonda le tout premier fanzine de science-fiction, Amazing Stories, en 1928 et inventa le mot « science-fiction ».
ECS, pour Electromagnetic Camouflage System, est un système qui émet des ondes inverses pour les radars, les infrarouges et même une partie de la lumière visible, rendant la détection très difficile ; le dispositif de contre-mesure est appelé ECCS, pour Electromagnetic Camouflage Counter Sensor.
EMFC, pour Electromagnetic Fluid Control, est un système utilisant des supraconducteurs à la surface du sous-marin Thuata Dé Danann afin d’orienter le flux de l’eau dans une direction particulière, améliorant ainsi la vitesse – en diminuant la friction contre l’eau – ainsi que la furtivité du navire – en réduisant les sons produits lors du déplacement.

Épisode 3 :
Ogma est un dieu celtique et un Tuatha Dé Danann qui passe pour être l’inventeur de l’écriture ogamique ; son équivalent chez les gaulois est le dieu de l’éloquence et de la parole, Ogmios, symbole du lien qui unit le monde divin au monde humain par la parole sacrée : il peut donc être considéré comme le Dieu-Druide primordial qui relie le Ciel à la Terre – voir l’ouvrage de Jean Markale, Nouveau Dictionnaire de mythologie celtique (Pygmalion, 1999, ISBN : 978-2-857-04582-3), p. 191.
– l’IFF, pour Identification Friend or Foe, est un système électromagnétique de reconnaissance des unités qui fut inventé par l’armée britannique au cours de la Seconde Guerre Mondiale.
– dans Full Metal Panic!, la Chine a subi d’importants troubles internes qui l’ont menée à une scission entre Chine du Nord et Chine du Sud ; ainsi, Hong-Kong se trouve coupée en deux : alors que l’Alliance Démocratique Chinoise dirige le continent et la péninsule de Kowloon, la partie sud de la ville appartient au Comité de Libération du Peuple ; si un pacte prévient une guerre civile totale, de nombreuses tensions subsistent encore à l’époque de The Second Raid.

Épisode 5 :
Hécate est, dans la mythologie grecque, la déesse de la nuit et de la vengeance, mais aussi de la croisée des chemins et de la sorcellerie.
SRT est l’abréviation de Special Response Team qui peut se traduire par « Équipe de Riposte Spéciale » ; c’est l’équipe à laquelle appartiennent Sousuke Sagara, Melissa Mao et Kurz Weber.
– la ville de Canicatti se trouve en Sicile, Italie : pendant sa conversation téléphonique avec Sousuke durant cet épisode, Chidori comprend « Canicatti » par kani katte qui signifie « acheter du crabe » en japonais.

Épisode 9 : l’AS de type Plan-1211 Alastor semble être une référence au cycle Alastor (1973-1978) de Jack Vance qui comprend à ce jour trois romans – Marune : Alastor 933, Trullion : Alastor 2262 et Wyst : Alastor 1716 – tous disponibles chez J’ai Lu ; à moins qu’il s’agisse d’un renvoi au démon éponyme cité par Collin de Plancy (1793-1887) dans son Dictionnaire infernal comme grand exécuteur des sentences du Diable.

Épisode 10 : les vers que récite Teletha en début d’épisode sont tirés de l’hymne de l’US Navy composé par William Whiting (1825-1878).

Full Metal Panic! The Second Raid, Yasuhiro Takemoto, 2005
FUNimation Entertainment, 2009
13 épisodes, pas d’édition française à ce jour

Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka