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Robot Ghosts and Wired Dreams

Couverture de l'essai Robot Ghosts and Wired Dreams

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale – et en particulier au cours de la dernière décennie – la science fiction japonaise a fortement influencé la culture populaire. Au contraire de la science fiction américaine et anglaise, ses exemples les plus populaires ont été visuels, depuis Gojira (Godzilla) et Astro Boy dans les années 1950 et 1960 aux chef-d’œuvres de l’animation Akira et Ghost in the Shell des années 1980 et 1990, alors que peu d’attention était portée à la science fiction en prose au Japon. Robot Ghosts and Wired Dreams remédie à cette négligence à travers une profonde exploration du genre qui connecte la science fiction littéraire à celle contemporaine en animation. Examinant un ensemble remarquable de textes – depuis le polar fantastique de Yumeno Kyusaku à la franchise interculturelle de films et de jeux vidéo Final Fantasy – cet ouvrage établit fermement la science fiction japonaise comme un genre aussi crucial que passionnant. (1)

Ce recueil d’articles d’universitaires américains et japonais, dont la plupart parurent dans l’éminent Science Fiction Studies et qui se voient ici repris sous la direction de Christopher Bolton, Istvan Csicsery-Ronay Jr. et Takayuki Tatsumi, explore les tout débuts de la science-fiction japonaise depuis les premiers exemples en prose des années 30 pour suivre son évolution jusqu’à nos jours en passant par ses mutations de l’après-guerre et des années 60 et 70. L’ouvrage fait en seconde partie les liens entre cette science-fiction littéraire et ses différentes incarnations audiovisuelles contemporaines en tâchant de montrer combien ce passage sur un média différent ne se fait pas forcément au prix de la qualité des idées. Tout au plus notera-t’on deux articles décevants ; le premier de Susan Napier dont l’examen d’Evangelion (Hideaki Anno, 1995) rappelle nombre des élucubrations de fanboys sur le sujet, bien qu’ici couvert par un dialecte intellectuel qui ne trompe pourtant personne, et le second de Livia Monnet dont le travail sur Final Fantasy : Les Créatures de l’esprit (Hironobu Sakaguchi, 2001) reste au mieux obscur.

Nombre des thèses défendues ne manquent pas d’audace, en particulier celle que présente Sharalyn Orbaugh sur le Ghost in the Shell de Mamoru Oshii (1995) et qui parvient à sortir avec autant de brio que d’originalité des réflexions récurrentes et pour tout dire vite lassantes sur l’allégorie de la caverne ou assimilé qu’on prête le plus souvent à cette œuvre décidément bien diverse. En dépit de quelques approximations envers la science-fiction occidentale, voire de confusions et même de franches erreurs ici ou là, ce dont on s’étonne peu de la part d’universitaires puisque ces gens-là méconnaissent souvent le genre, on se voit néanmoins très agréablement surpris par leurs différentes interprétations de cette incarnation du domaine qui montre vite bien plus de subtilité qu’elle peut en avoir l’air depuis chez nous où on ne trouve que les œuvres les plus commerciales ou bien les plus en vue. De plus, et comme on peut s’y attendre, cette science-fiction japonaise reprend à sa manière bien à elle les différents thèmes et les mutations principales du genre, reflétant ainsi sa culture nipponne dans le sens le plus large du terme.

Si je craignais de voir les différents articles s’abîmer dans les travers habituels, assez métaphysiques et plutôt poussiéreux, des érudits tendance littéraire qui le plus souvent ne connaissent rien ou presque des techno-sciences, et c’est parfois le cas, l’ensemble se montre malgré tout d’une excellente tenue, tout à la fois éclairant et maintes fois surprenant à plus d’un titre.

Pour les otakus comme pour les érudits de la science-fiction, ou plus simplement pour les esprits curieux désireux de se pencher sur une facette encore bien méconnue du genre.

(1) la traduction de ce quatrième de couverture est de votre serviteur.

Robot Ghosts and Wired Dreams: Japanese Science Fiction from Origins to Anime
University Of Minnesota Press, 15 novembre 2007
288 pages, env. 15 €, ISBN : 978-0-816-64974-7

Real Humans

Jaquette DVD de l'édition française de la série TV Real HumansLa Suède, de nos jours. Depuis plusieurs années, des robots d’apparence humaine appelés hubots font partie du quotidien. Employés pour toutes les tâches, des plus banales aux plus lubriques, ils donnent à la société un nouveau visage qui ne plaît pas à tous. Si le parti politique « Les Vrais Humains » milite ouvertement pour un abandon complet de la robotique et un retour aux véritables valeurs humaines, d’autres en revanche trouvent celui-ci trop timide et adoptent des méthodes qui dépassent le stade du militantisme pacifique.

Mais l’équation prend une tournure inattendue quand un groupe d’hubots libres, chose pourtant jugée impossible, perd soudain un de ses membres : enlevée par des trafiquants, Mimi se voit revendue au marché noir après que ses ravisseurs lui ont effacé la mémoire. Alors que part à sa recherche le seul humain du groupe, Léo, elle est vendue à la famille Engman où son arrivée va provoquer bien des remous dans ce foyer jusqu’ici plutôt conservateur sur le sujet des hubots. Et pourtant, le pire reste encore à venir car dans son programme se trouve dissimulé un code qui pourrait bouleverser le statut des hubots dans la société et que beaucoup voudraient voir effacé pour toujours…

Bien qu’un des thèmes fondateurs de la science-fiction, depuis au moins le roman Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818) de Mary Shelley (1797-1851), le robot reste encore à ce jour bien mal exploité dans les œuvres audiovisuelles en général qui, la plupart du temps, se cantonnent à raconter une variation ou une autre de la révolte des machines contre leurs créateurs. Si on peut voir dans ce type de récit une expression de ce « système technicien » incontrôlable par définition (1) et au point qu’il donne parfois l’impression de se rebeller, soit une idée somme toute pas inintéressante, sa répétition tend néanmoins à en appauvrir le potentiel et surtout l’impact – dit plus prosaïquement : on s’en lasse…

Real Humans nous intéresse car cette production suédoise se montre bien plus aboutie que la moyenne, et en particulier en montrant les divers impacts que provoquent sur la société l’apparition d’une invention nouvelle, ce qui reste la marque d’une science-fiction prétendant à une certaine qualité (2) : ici en effet, les robots domestiques induisent des bouleversements sociaux et ceux-ci ne s’avèrent pas toujours positifs, par exemple en contribuant à la hausse du chômage à force de remplacer la main-d’œuvre humaine ou bien à l’éclatement de cellules familiales sur le déclin et où la docilité du serviteur mécanique donne une fausse impression de partenaire idéal – bien plus, en tous cas, que celui, humain, qui dispose d’un libre arbitre…

Au fond, et pour ne pas tourner autour du pot trop longtemps, Real humans explore les limites de ce qui reste la fonction principale du robot, servir l’homme (3), une tâche d’autant plus complexe qu’elle implique une interaction permanente avec ce qui demeure sans doute la créature la plus complexe, la plus imprévisible, et donc la plus difficile à servir. Le potentiel narratif, immense, atteint dès lors des sommets que seule limite l’imagination de l’auteur. Or, ici, le scénariste montre une inspiration bien à la hauteur du sujet et si on peut regretter quelques facilités narratives ici et là, surtout au début du récit, l’ensemble reste malgré tout d’une très bonne tenue même s’il semble s’égarer vers le polar tendance techno-thriller en fin de première saison.

Pour le reste, il s’agit avant tout de tranches de vie toutes plus ou moins bouleversées par la généralisation des robots dans leur quotidien. Du remplacement d’un compagnon fidèle et complice par un autre bien plus austère, jusqu’à la brusque irruption d’un androïde dans un foyer mal préparé à un tel bouleversement, en passant par l’incapacité de certains à vivre en harmonie avec leurs compagnons de métal et prêts à tout pour y remédier, mais aussi à travers de brefs portraits de ceux qui ne peuvent se passer de ces machines à l’apparence humaine quitte à en venir à des contacts charnels, Real Humans aborde de front et sans tabou des problématiques variées, souvent inattendues et quoi qu’il en soit toujours intéressantes.

Bien sûr, les connaisseurs en matière de science-fiction littéraire ne manqueront pas de faire remarquer qu’on ne voit rien ici qu’ils ne connaissent déjà, et à juste titre, sous une forme ou une autre. Les autres, par contre, bien plus nombreux ceux-là, trouveront néanmoins dans cette production somme toute bien assez atypique de quoi satisfaire leur curiosité quant à un des thèmes principaux du genre qui gagne ici une réalisation à sa mesure sur un support véritablement « grand public » – soit bien plus capable que d’autres de permettre à une large audience de se cultiver sur un sujet précis…

(1) Jacques Ellul, Le Système technicien (Le Cherche Midi, collection Documents et Guides, mai 2004, ISBN : 2-749-10244-8).

(2) pour le rapport entre science et société dans la science-fiction, lire l’article « Social Science Fiction » d’Isaac Asimov au sommaire de « Modern Science Fiction: Its Meaning and Its Future » (New York: Coward-McCann, 1953) ; lire un exemple dans l’article « Asimov’s Three Kinds of Science Fiction » sur le site tvtropes.org (en).

(3) Gérard Klein, préface à Histoires de robots (Le Livre de poche, collection La Grande anthologie de la science-fiction n° 3764, 1974, ISBN : 2-253-00061-2) ; lire ce texte en ligne.

Notes :

Si Real Humans ne rencontra qu’un succès honorable dans son pays d’origine, elle se vit néanmoins renouvelée pour une seconde saison actuellement en cours de production.

Vendue à plus de 50 pays, dont l’Allemagne, l’Australie, la France (Arte) et la Corée du Sud, la série connaît un succès international notable et se voit même très bien reçue par de nombreux critiques spécialisés : si certains la comparent à Blade Runner (Ridley Scott ; 1982), d’autres y voient plus simplement la meilleure réalisation de SF sur le petit écran depuis longtemps.

Diffusée sur Arte au moins d’avril 2013, Real Humans s’affirme comme un vrai succès pour la chaîne avec une part d’audience de 5,2% pour une moyenne de 1,3 million de téléspectateurs.

Real Humans (Äkta Människor), Levan Akin & Harald Hamrell, 2012
Arte Éditions, 2013
10 épisodes, env. 30 €

– le site officiel de la série (sv)
– la page de la série sur le site de Arte
– d’autres avis : Nick’s Paradise Lost, Traqueur Stellaire

Saving Human Being

Couverture de l'édition française du manhua Saving Human BeingUn futur proche. Dans la carcasse d’un avion-cargo en plein désert, un robot est réactivé par le pilote qui a survécu au crash. Celui-lui demande de partir trouver de l’eau pour le sauver. Mais quand la machine revient, bien des jours trop tard, l’humain est mort. Alors, le robot repart dans le désert où il finit par s’installer dans une oasis habitée par une jeune femme et sa petite fille. Son but ? Remplir sa mission, la dernière, celle que lui a confié le pilote de l’avion-cargo avant de mourir : sauver l’Homme…

Servir l’Homme : voilà, dans les grandes lignes, la problématique sous-jacente au thème du robot (1). D’ailleurs, si les magnats virent dans la révolution industrielle un moyen d’augmenter la production des biens et donc leurs bénéfices, les ingénieurs, de leur côté, et peut-être plus naïvement, y virent surtout un moyen de libérer l’Homme du travail (2). Dans le registre opposé, celui de l’avenir, ou du moins d’un futur possible, Iain M. Banks, avec son cycle de la Culture entamé en 1987, nous présente l’aboutissement de cette idée : une civilisation à l’échelle galactique où les technologies atteignent un tel niveau de sophistication que ses citoyens peuvent jouir sans aucune entrave d’une vie toute entière dédiée uniquement aux loisirs ; le trucage, ici, repose sur le concept de l’intelligence artificielle qui, à y regarder de près, se différencie assez peu de celui du robot tel que présenté ci-dessus (3).

Planche intérieure du manhua Saving Human BeingPour ce faire, il faut des règles. Ou plutôt des lois, et en l’occurrence des lois de la robotique. Sans celles-ci, en effet, rien ne pourrait assurer l’obéissance du robot. Pire, il pourrait même se révolter comme il le fit d’ailleurs durant des décennies sous les plumes successives de différents auteurs, jusqu’à ce qu’Isaac Asimov (1920-1992) entame son cycle des robots positroniques en 1940, en basant ses récits sur l’idée que les robots se trouvaient soumis à des programmes permettant de s’assurer leur obéissance – des lois, donc (4). La première de ces règles garantie la survie de l’homme en tant qu’individu, et la seconde la soumission du robot aux ordres du précédent. Les deux s’épaulent et se complètent, dans cet ordre précis et pas un autre : ôtez-en une seule, ou bien disposez-les différemment, et le robot redevient inutilisable.

Mais, au fond, « servir l’Homme » ne consiste-t-il pas à « sauver l’Homme » ? Et notamment en lui épargnant toutes ces tâches aussi ingrates que dangereuses telles que le travail à la chaîne dans un passé proche ou bien la mort sur un champ de bataille dans un avenir probablement encore assez éloigné, parmi d’autres exemples. Asimov, encore lui, dans son roman Les Robots et l’Empire (Robots and Empire ; 1985) préfigure d’un certain point de vue le cycle de la Culture de Banks évoqué plus haut en montrant comment un robot écope de la mission assurément surhumaine consistant à protéger l’Humanité toute entière, non contre un hypothétique ennemi venu d’ailleurs mais bel et bien d’elle-même (5).

Planche intérieure du manhua Saving Human BeingZhāng Xiǎoyǔ part ici d’un postulat comparable. Toute la différence avec l’œuvre d’Asimov tient dans ce que l’auteur, ici, est un artiste et qu’il fait donc passer la substance humaine avant les éléments techniques. Pour cette raison, Saving Human Being ne tente même pas de noyer le poisson et au lieu de ça adopte vite les accents de la poésie où la forme prend le pas sur le fond et où le discours – somme toute déjà vu quelque part – disparaît sous le récit lui-même, sous ce torrent d’émotions pures qui avec ses airs de fausse naïveté nous donne une leçon de vie à la force rare – et même si là aussi on a déjà vu ça quelque part, comme une évidence trop longtemps oubliée.

Quant à la forme artistique proprement dite, qui complimente très bien la narrative en dépit de quelques faiblesses ponctuelles concernant certains visages, elle témoigne d’une maîtrise technique et d’une sensibilité souvent surprenantes dans l’expression des mouvements. Ceux de la petite fille en particulier trouvent là un moyen assez inhabituel de faire passer le caractère et la personnalité de cet enfant qui jouera un rôle fondamental dans l’évolution du robot, dans ce regard empreint de curiosité et de questions que la machine pose sur cet Homme qu’elle doit sauver.

Pour sa dimension humaine qui rappelle celle de la fable, du discours éternel, de la poésie salvatrice, Saving Human Being compte parmi ces œuvres bien trop rares, ces perles crève-cœur à découvrir de toute urgence, ces morceaux de bravoure narrative extraordinaire. Mais aussi, cette courte bande qui se place dans la lignée de la science-fiction la plus classique – qu’elle prolonge avec brio – nous prouve que celle-ci peut malgré tout encore nous emmener jusqu’à des sommets d’émotions rarement atteints.

Planche intérieure du manhua Saving Human Being

(1) Gérard Klein, préface à Histoires de robots (Le Livre de poche, collection La Grande anthologie de la science-fiction n° 3764, 1974, ISBN : 2-253-00061-2) ; lire ce texte en ligne.

(2) l’idée fait d’ailleurs de plus en plus son chemin : outre des textes précurseurs tels que Le Droit à la paresse (1880) de P. Lafargue (Mille et une nuits, ISBN : 978-2-910-23330-3) ou bien Travailler, moi ? Jamais ! – L’Abolition du travail (The Abolition of Work, 1985) de B. Black (L’Insomniaque, ISBN : 978-2-915-69451-2), le mouvement altermondialiste Bizi ! propose de réduire le temps de travail de chacun à une heure par jour à peine.

(3) sur la faisabilité technique de l’intelligence artificielle, le lecteur curieux se penchera avec bonheur sur la préface de Gérard Klein au roman Excession (Le Livre de Poche, collection Science-Fiction n° 7241, ISBN : 2-253-07241-9), cinquième volume du cycle de la Culture déjà évoqué ici ; lire ce texte en ligne.

(4) on ignore encore à ce jour si ces « lois de la robotique » sont bien le fruit de l’imagination d’Asimov ou bien celle de son mentor de l’époque, John W. Campbell Jr. (1910-1971), par ailleurs rédacteur-en-chef du magazine Astounding Stories où le jeune Asimov, justement, publiait ses récits : les deux hommes se sont toujours renvoyée mutuellement la paternité de cette évolution majeure du thème des robots…

(5) bien sûr, une telle solution présente des accents assez nihilistes : confier à la machine nos problèmes fondamentaux consiste d’une certaine manière à nous en délester, bref à fuir nos responsabilités – j’ai déjà évoqué ce sujet dans ma chronique du jeu vidéo Armored Core 3 (From Software ; 2003).

Note :

Une mention en page deux indique que cet ouvrage est une adaptation du roman en langue chinoise Mission: Saving Human signé Liu Weijia.

Saving Human Being, Zhāng Xiǎoyǔ
Ankama Éditions, collection Kraken, avril 2011
85 pages, env. 15 €, ISBN : 978-2-359-10160-7

– le blog officiel de Zhāng Xiǎoyǔ (zh)
– d’autres avis : La Rubrique-à-Brac, B&O, Kroniks, SciFi-Universe, Prospéryne

Le Robot coiffeur de Panasonic

Photo de présentation du projet de robot coiffeur de PanasonicL’industriel japonais travaille dessus depuis un certain temps : un projet de robot, faute d’un meilleur terme, non seulement capable de vous laver les cheveux mais aussi de vous masser la tête et le cou, et qui pourrait peut-être même un jour prochain vous couper les tifs.

Mais on en reste encore assez loin sur ce dernier point. Pour le moment, la machine se contente de laver et de masser. À l’aide de ses 16 doigts équipés de capteurs, et couplés à un scanner et une technologie 3D, l’engin peut mesurer avec précision la forme du crâne du sujet pour le caresser mais aussi y appliquer une pression précise. Une fois ces données télémétriques stockées dans sa mémoire, il peut les ressortir lors d’une séance prochaine pour appliquer un nouveau traitement à la même personne.

Compte tenu des développements de la robotique au Japon, en vue de faire face au vieillissement de la population locale, un tel projet étonne en fait assez peu. D’ailleurs, le but de cet appareil consiste à aider le personnel des maisons de retraite et des hôpitaux dans leurs tâches d’aide aux personnes. Reste encore à savoir ce que deviendront les relations humaines entre ce personnel et les gens dont ils ont la charge : ceux-là préfèreraient certainement discuter avec un être humain au lieu d’une machine…

Photo de présentation du projet de robot coiffeur de Panasonic

Source : Tom’s Style

Le robot hélicoptère joue au tennis

Cliché du "Quadrotor Helicopter" en volVous vous souvenez du robot-hélicoptère miniature ? Je lui avais consacré un billet l’an dernier, accompagné d’une courte vidéo de présentation… Et bien, il a fait des progrès et maintenant, il joue au tennis – c’est une façon de parler, bien sûr puisqu’il ne joue pas à proprement parler…

Si on ne sait toujours pas à quoi pourra bien servir cette invention déjà assez amusante en elle-même, elle prend néanmoins de la sorte une allure encore plus rigolote : si je disais qu’il y a peu de chances pour qu’on en fasse un jouet, il faut croire que ses concepteurs ne le voient pas de cet œil, eux. Reste encore à le rendre étanche à l’eau et au sable avant de pouvoir l’utiliser comme un partenaire de jeu à la plage…

Et à quand l’utilisation du robot chien pour ramasser la balle quand elle tombe au sol ?

Un robot pour la formation des dentistes

Photmontage représentant une femme robotLa chaîne Youtube du site DigInfo TV a posté il y a peu une présentation du Showa Hanako 2, un robot conçu par l’université Showa de Tokyo pour aider les dentistes en formation. Cette machine possède une peau et une bouche en silicone, produites par Orient Industry, présentée dans la vidéo comme fabriquant des « love dolls » : le professeur Koutaro Maki, de l’université Showa, affirme que le robot doit paraître humain car l’attitude du chirurgien en présence du patient reste un facteur fondamental.

Showa Hanako 2, peut cligner et rouler des yeux mais aussi éternuer et secouer la tête ainsi que remuer la langue et tousser afin de simuler le réflexe pharyngé servant à expulser les corps indésirables du fond de la gorge. Mais le robot peut aussi parler et utiliser une technologie de reconnaissance du vocabulaire, de sorte qu’il s’avère tout à fait capable d’apprendre de nouveaux mots.

L’appareil sera vendu par Yoshida Dental Manufacturing Co. Ltd. mais aucune date de lancement du produit n’a été annoncée pour le moment…

En attendant… (20)

Vidéo d’un robot chien en marche

Cliché du "Dog Bot" en actionJ’évoquais il y a un bon moment maintenant un robot hélicoptère miniature ; en voici un autre, mais en forme de chien, et qui ne vole pas, bien sûr… Par contre, il marche, et avec une agilité étonnante vu sa taille et la miniaturisation des mécanismes qu’il a fallu atteindre pour le construire.

Cependant, et au risque de vous décevoir, cet engin n’a pas été conçu pour mieux vous tenir compagnie même sur les chemins de terre les plus abimés : des ingénieurs de l’armée américaine ayant participé au projet, et précisément ceux de la DARPA, on peut supposer que ce robot entre plutôt dans le cadre des recherches pour la conception de drones ou tout autre appareil du même acabit destiné à espionner ou saboter les installations ennemies…

Mais il n’est pas exclu que des modèles soient un jour développés pour, par exemple, venir en aide aux personnes prises sous des décombres lors d’un tremblement de terre ou une quelconque autre catastrophe naturelle : ce ne serait pas la première fois qu’une invention militaire se trouve des utilisations civiles – rappelons-nous d’où vient le GPS…

RanXerox – La totale

Couverture de la BD RanXerox - La totale« LISEZ ET VOUS CRIEREZ PITIÉ. »

Rome, 1988. Lubna Limbo, à peine 12 ans, est déjà une épave : adepte des viols collectifs et des cames les plus dures, elle a tout essayé et s’ennuie ferme. Un jour, des copains lui ramènent un photocopieur dont ils tirent les pièces pour construire un androïde bâti comme un culturiste et monté comme un mulet mais aux nettes tendances psychopathes, qui répond au nom de RanXerox…

Cette BD pourrait se résumer à un mot, un seul : carnage.

Et pour faire « poétique » ou tout simplement enrober un peu, on rajoutera « total » : RanXerox, c’est ultra-violent et ce n’est pas beau (1), mais Dieu que c’est jouissif. Typique de son époque, cette période charnière entre les années 70 et les 80, et donc aux aspects cyberpunks – ou assimilés – assez marqués, RanXerox se caractérise par une gratuité totale de la violence, c’est-à-dire entièrement dépourvue de discours, morale ou baratin servant à justifier les actes extrêmes d’un héros dans son bon droit : ni cynique, ni amoral, et encore moins froid ou calculateur, RanX’ est en fait un personnage amoureux.

Planche intérieure de la BD RanXerox - La totalePar on ne sait quelle magie de la cybernétique qui lui tient lieu de cerveau, un signal en boucle dans ses circuits le rend fou d’amour pour la petite Lubna déjà évoquée dans le synopsis en italique ci-dessus. De sorte que quand il arrive le moindre pépin à la demoiselle, RanX’ réagit au-delà de toutes les limites du bon sens comme de la bonne mesure. Et, bien sûr, il arrivera plus d’un problème à Lubna tout au long de cet album, autrement ce ne serait pas drôle… Parfaite incarnation de l’anti-héros, et en particulier de l’anti-robot (2), RanX’ se veut donc pour le moins iconoclaste – ce qui somme toute correspond assez bien à l’air de son temps.

Temps qui se caractérisait par un faste et un somptueux, une grandiloquence tout à fait proportionnelle à la froideur et au cynisme de cette hyper-technologie galopante et de cet ultra-libéralisme alors en plein essor qui allaient laisser bien des gens sur le carreau – comme les victimes de RanX’, justement. Pour autant, cette série ne se veut en aucun cas symbolique ni même métaphorique : brute de décoffrage, à travers une démarcation pour le moins punk de La Belle et la Bête, elle nous renvoie à nous-mêmes, à nos pulsions les plus basses, les plus extrêmes – celles qui veulent se servir sans compromis et encore moins d’excuses : malheur à ceux qui se trouveront en travers de notre route (3).

Planche intérieure de la BD RanXerox - La totaleCe pourrait être une apologie de l’égoïsme et de la force brute s’il ne s’agissait pas avant tout d’une œuvre vide de sens : à aucun moment Tamburini et Liberatore cherchent à justifier les actes de leur personnage ; RanX’ est une brute, point. Il ne lui vient même pas à l’esprit de se questionner, d’échafauder d’autres tactiques, de contourner les problèmes : il les affronte et les élimine comme il prend son petit déjeuner. Mieux, tous les autres personnages des divers récits de cet album vont dans son sens, toujours : parfois pour l’utiliser, parfois pour l’aider, et le plus souvent pour le contrer bien sûr – autrement, il n’y aurait rien à raconter ni à dessiner…

Quant aux forces de l’ordre, elles brillent par leur absence : il y a RanX’ et les autres, et ceux-là sont avec lui ou contre lui – ce qui correspond à merveille aux schémas binaires de son cerveau artificiel d’ailleurs. De Rome à New York, de la rue à la scène de Broadway, à pied ou en taxi, RanX’ ne laisse sur son chemin qu’os brisés, mutilations, visages déchirés et cadavres de toutes les couleurs et tous les âges. Ainsi est RanX’ : hyper-brutal et tout autant basique, ce bourrin de silice et de peau synthétique n’a même pas le mérite d’aimer par amour véritable mais juste par une erreur infiltrée dans ses circuits.

Désormais une œuvre culte, applaudie dès ses débuts il y a plus de 30 ans et qui fit le tour du monde en un temps record, RanXerox ne mérite rien de moins que l’honneur de figurer dans votre bibliothèque. En fait, vous aurez bien du mal à trouver plus extrême, dans tous les sens du terme…

Quatrième de couverture de la BD RanXerox - La totale

(1) certains parmi vous auront reconnu une déformation du slogan avec lequel Glénat vendit jadis l’édition fascicule du manga Akira au public français ; en aucun cas il s’agit d’un jugement de valeur sur les aspects artistiques de la série RanXerox, au demeurant tout à fait admirables.

(2) du moins tel que le concept du robot moderne fut défini par Isaac Asimov dans son célèbre cycle des Robots auquel, justement, le premier récit de cette compilation fait un clin d’œil assumé à travers son titre Aïe, Robot ! – jeu de mot évident avec le titre original américain du tout premier recueil de nouvelles du « Bon Docteur » sur les robots positroniques.

(3) le point commun avec la culture manga saute ici aux yeux : en montrant des victimes frappées par le malheur alors qu’elles n’ont rien fait pour le mériter, ni même pour ne pas le mériter d’ailleurs, RanXerox s’affranchit du manichéisme classique, et en quelque sorte chrétien, pour rejoindre les croyances shintoïstes – voir l’ouvrage d’Antonia Levi, Samurai from Outer Space: Understanding Japanese Animation (Open Court Publishing Company, 1996, ISBN : 978-0-8126-9332-4), chapitre six – ou du moins quelque chose qui y ressemble beaucoup ; à noter qu’une inspiration aussi asiatique convient somme toute assez bien avec les divers éléments cyberpunks, ou assimilés, déjà évoqués ici.

Note :

Un troisième album de RanXerox, intitulé Amen ! et dont le scénario original de Tamburini fut finalisé par Alain Chabat, vint s’ajouter à cette série en 1996 et n’est donc pas inclus dans cette compilation. Si l’ensemble des albums ne se trouvent plus que d’occasion de nos jours, une intégrale de la série parut néanmoins en avril 2010 chez Drugstore (collection Fantastique et Science-Fiction, 192 pages, ISBN : 978-2-7234-7568-6).

RanXerox – La totale, Stefano Tamburini & Tanino Liberatore
Albin Michel, collection L’Écho des Savanes, janvier 1993
98 pages, entre 40 et 50 €, ISBN : 2-226-05992-X

– le site officiel de Liberatore
– un dossier très complet sur l’ensemble de la série RanXerox

Vidéo d’un robot hélicoptère miniature

Cliché du "Quadrotor Helicopter" en volSi comme moi vous aimez bien les gadgets et les robots, vous devriez apprécier la vidéo ci-dessous où on peut voir en action un tout nouveau modèle d’hélicoptère miniature : pourvu de quatre rotors au lieu d’un seul, cet appareil bénéficie d’une agilité proprement phénoménale.

Reste à savoir ce qu’on en fera car son allure l’éloigne bien trop d’engins existants pour qu’on puisse envisager de le produire en masse à des fins civiles – comme jouet par exemple. Mais gageons que les militaires sauront lui trouver une utilité : leur affection pour les drones n’est plus à démontrer depuis longtemps…

Voir aussi : Vidéo d’un robot chien en marche


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