Archive for the 'Films' Category

Pompoko

Jaquette DVD de l'édition française de l'anime PompokoDans une montagne résident les Tanuki, une espèce mi raton laveur mi blaireau. Comme dans les contes, les tanuki ont le pouvoir de changer de forme quand ils le désirent. Leur vie insouciante entrecoupée de batailles entre tribus de Tanuki ennemies leur fait ignorer la présence toujours plus proche des hommes, jusqu’au jour où ces derniers décident de faire de la montagne une ville. Les Tanuki vont alors tenter d’effrayer les humains en jouant avec leurs pouvoirs extraordinaires. Cependant, il en faudra plus pour que les hommes renoncent à s’approprier l’espace offert par les forêts… et nos Tanuki ne sont pas au bout de leurs peines ! 

Si vous cherchez un film intelligent et drôle à la fois, émouvant et poétique sans verser dans le cul-cul, original tout en rendant hommage aux vertus traditionnelles, voilà ce qu’il vous faut : encore une fois, et pour peu qu’on ne considère que l’époque où ce film vit le jour il y a bientôt une génération, le staff de studio Ghibli prouvait là de manière indiscutable qu’ils maîtrisaient, et maîtrisent encore pleinement leur sujet à l’inverse de nombre d’imitateurs dont le talent s’est fané au fil du temps.

Comme toujours avec de tels auteurs, ce n’est pas le résumé de l’histoire qui m’a fait regarder ce film pour la première fois il y a maintenant plus de dix ans. Le nom de Ghibli m’a suffi et j’ai passé un de mes meilleurs moments d’anime, dont je garde encore un souvenir aussi intense qu’ému. Car Pompoko compte parmi ces histoires qui ne se basent sur la légende et la tradition que pour mieux les absorber, les faire siennes à travers une parodie fine doublée d’un discours à la pertinence subtile.

Ici, en effet, la modernité se voit une nouvelle fois questionnée par des éléments mythologiques traditionnels replacés dans un monde contemporain où le plus néfaste n’est pas forcément celui qu’on croit. Et depuis, cette problématique si typiquement nipponne a fini par gagner l’ensemble des pays industrialisés. Pour cette raison au moins, vous ne vous tromperez pas beaucoup en décidant de découvrir, ou de redécouvrir cette œuvre éternelle sous bien des aspects et en particulier ceux qui comptent.

Pas de moralisme lourdaud cependant, ni de happy end d’ailleurs, techniquement parlant du moins puisque l’histoire ne finit pas « mal » à proprement parler non plus. Beaucoup d’humour par contre. Et de la dérision. Peut-être parce que ne pas se prendre trop au sérieux reste une des meilleures recettes du monde mais aussi en raison des origines nippones de l’œuvre. Car on peut distinguer ici une résurgence de ce grotesque zen qui amplifie tous les défauts d’un sujet pour mieux en cerner l’essence.

Quelques longueurs ici et là tendent à faire penser que le film aurait pu être raccourci d’un petit quart-d’heure mais ce très léger défaut reste bien assez sporadique pour passer inaperçu. La magie est bien là tout le long par contre. En fait ce film en donne presque sa propre définition, assez ancienne d’ailleurs, celle que Hollywood a une fâcheuse tendance à nous faire oublier avec des histoires convenues et farcies d’effets spéciaux aussi inutiles que racoleurs.

Pompoko, Isao Takahata, 1994
Walt Disney Studios Entertainment, 2006
119 minutes, env. 9€

Vagabond

Venezuela, en temps de guerre

Arès

Ares

2035. Rachetée par des sociétés privées, la France en tant qu’état-nation n’existe plus. Entre le chômage de masse et un climat où la violence le dispute à la révolte larvée, le public trouve un exutoire dans des combats télévisés dont les champions servent de cobayes pour de nouvelles formules de dopage. Reda, dit Arès, eut jadis son heure de gloire sur ces rings sanglants mais à présent il vit surtout de petits boulots. Tout bascule quand sa sœur est arrêtée et qu’il doit trouver une fortune pour la sortir de prison…

Je crois pouvoir isoler trois critères pour distinguer le cinéma de science-fiction américain du français. Le premier concerne la rareté : même ramenée à de simples pourcentages, la production du premier l’emporte sur celle du second sans aucune discussion possible. Ensuite vient la sophistication, de forme à travers l’expérimentation artistique, comme de fond dans la pertinence des sujets traités : là, le cinéma français impose son primat à l’autre. Enfin, plus évident, on trouve le budget, au reste une distinction qui touche tous les genres du cinéma français et pas seulement la science-fiction : d’une façon somme toute assez attendue, ce dernier élément dégage bien sûr le plus d’impact, au moins sur la forme, mais pas forcément au sens négatif du terme.

Ainsi, Arès, parce qu’il ne bénéficie pas d’un portefeuille comparable à celui de ses homologues d’outre-atlantique, trouve dans cette limite une authenticité rarement atteinte dans le cinéma de SF. Ici, et parce que la réalisation fait la part belle aux éléments réels par opposition aux informatiques, le moindre décor, le plus petit élément visuel, qu’il s’agisse des intérieurs comme des extérieurs, des objets usuels, des vêtements ou encore des véhicules, tout contribue à placer le spectateur dans l’atmosphère de cet avenir de cauchemar de plus en plus proche à chaque jour. Plus d’une fois, d’ailleurs, on pense à Blade Runner (Ridley Scott,  1982), qui reste 35 ans après d’une proximité pour le moins alarmante. Pour dire vrai, on pourrait presque toucher ce futur suintant de noirceur et de désespoir.

Voilà, donc, où se trouve la véritable force d’Arès : parvenir à nous plonger dans son horreur de post-libéralisme où même le corps humain se marchande, un concept certes déjà vu maintes fois mais néanmoins plus pertinent aujourd’hui que jamais, et sans pour autant en rajouter des tonnes sur les images de synthèse ou les incrustations numériques ni même d’ailleurs les scènes d’action d’autant plus vides de sens qu’elles se montrent le plus souvent gratuites dans ce genre-là, du moins au cinéma. En témoigne la longueur du métrage, 80 minutes à peine, dont la concision du récit ne s’égare jamais dans l’inutile et au contraire parvient à rendre vitale la moindre de ses secondes – encore une fois pour mieux sublimer cette atmosphère qui donne tout sa substance au film.

N’oublions pas non plus les dialogues qui esquivent avec brio l’écueil des punchlines typiques de ces réalisations bon marché dont les auteurs souvent assez mal inspirés  se sentent d’autant plus obligés de résumer en quelques mots vides de propos une situation qui n’en mérite pas tant pour commencer. C’est là une autre tradition caractéristique de la culture française, celle du verbe, qui s’exprime dans Arès : précis, sans ambages, et qui en quelques mots à peine arrive à cerner ce que des millions de budget d’effets spéciaux ne parviennent le plus souvent qu’à effleurer. En fait, et c’est là une autre caractéristique pour le moins inattendue, Arès s’écoute autant que ce qu’il se regarde – or le cinéma se définit bien comme des images et des sons…

Pour avoir un aperçu de ce qui nous attend si les masses persistent à se laisser dicter leur vote par des médias propriétés de grands groupes, ou tout simplement pour regarder ce combat d’un homme qui réalise soudain appartenir à quelque chose de plus grand que lui, ou encore pour pouvoir témoigner de ce qu’un cinéma à sa manière exigeant peut offrir quand il se focalise sur ce qui au fond nous concerne tous, regardez donc Arès.

Arès, Jean-Patrick Benes, 2016
Gaumont, 2017
80 minutes, 10 €

Pale Cocoon

Jaquette DVD de l'édition française de l'anime Pale Cocoon

Il y a si longtemps que les survivants de la catastrophe vivent dans la colonie souterraine que plus personne ne sait rien du monde d’avant, alors des sections spéciales analysent les archives retrouvées pour tenter de reconstituer le puzzle du passé. Ce travail fascine Ura, qui lui dédie bien plus de temps que ce qu’il doit, au contraire de nombre de ses collègues pour lesquels cette tâche ne présente plus aucun sens, au point que le département de recherche se vide toujours plus. Un jour, Ura découvre un document mystérieux… 

Quel sens donner aux images d’un passé révolu et que, par définition, on ne comprend plus ? Non les images créées par des spécialistes du domaine, qui choisissent avec soin leur sujet et la manière de le présenter en influençant ainsi la perception du spectateur, mais celle issues de la vie de tous les jours et qu’on montre dans leur forme la plus brute, sans aucun prisme interprétatif. On pourrait penser la question résolue depuis longtemps par les historiens, et pour autant qu’une telle problématique puisse vraiment l’être un jour, mais alors que les moyens de fixer le présent se généralisent toujours plus dans la vie quotidienne, par l’intermédiaire des téléphones portables en particulier, ce questionnement prend soudain une valeur inattendue.

À dire vrai, de tels documents, que peuvent à présent produire n’importe qui et pas seulement des gens assez haut placés dans la hiérarchie sociale pour utiliser des instruments bien coûteux il y a encore peu, de telles archives permettront sans nul doute aux chercheurs de demain de disposer de données bien plus informatives que celles d’hier. La technologie, encore une fois, rendra possible une évolution de la pensée, en l’occurrence à travers la possibilité pour chacun de témoigner à sa manière de ce qu’il a vécu, et ce d’une manière beaucoup plus objective que si la personne concernée décidait d’évoquer ses ressentis, c’est-à-dire d’influencer la perception du spectateur comme évoqué ci-dessus. Comme toujours, le progrès prend les formes les plus surprenantes…

Bien sûr, nombre de ces témoignages involontaires se recouperont, voire se superposeront en finissant ainsi par donner une impression de répétition, pour ne pas dire de radotage. Loin de devenir une source d’ennui, ils pourront constituer une base statistique à partir de laquelle on pourra envisager de représenter le passé par des données chiffrées, du moins dans des proportions telles qu’on ne l’a encore jamais vu. Je ne digresse pas tant que ça puisque ce qu’on trouve à la base de Pale Cocoon, outre les mises en garde à présent bien classiques concernant les dérives de la technologie et les préoccupations écologiques, parmi d’autres sujets tout aussi intéressants, consiste bien à savoir comment on peut sonder hier pour tenter de comprendre aujourd’hui et ainsi donner forme à demain.

Bien plus qu’un avertissement sur les dangers d’une science devenue hors de contrôle, un autre thème typique de la culture populaire japonaise d’après-guerre et qui tend à une certaine redondance, ce court-métrage se veut surtout une réflexion sur l’histoire et sur la manière dont chacun y joue son rôle, y compris une fois le rideau tombé pour toujours.

Récompense :

Prix du meilleur scénario au Sapporo International Short Film Festival and Market en 2006.

Pale Cocoon, Yasuhiro Yoshiura, 2006
Dybex, 2008
23 minutes, env. 10 €

Le Pouvoir de l’intelligence collective

Le documentaire « Le pouvoir de l’intelligence collective » est le bilan de quatre années d’expérimentation d’un nouveau modèle de gouvernance participative, la sociocratie, organisé en coopérative de solidarité. Réalisé dans le cadre du projet du laboratoire rural « Mon rêve, mon village » à la Coop Csur situé à Très-Saint-Rédempteur, le documentaire vise à transmettre les connaissances et expériences acquises tout au long du projet.

Comment Cuba survécut en 1990 sans pétrole

Umi Kara no Shisha

About the Girl

Puissante et incontrôlée : la troïka

Cinq ans déjà que les États en crise de la zone euro vivent les affres du surendettement. Pour obtenir les prêts dont ils ont besoin d’urgence, il leur faut se soumettre aux exigences – les fameux mémorandums – de trois institutions phares qui forment la troïka : le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne (CE) et la Banque centrale européenne (BCE). Les mesures d’austérité qu’elles ont imposées n’ont jusqu’à ce jour pas eu les effets positifs escomptés, bien au contraire.

Ce sont des hauts fonctionnaires, agissant sans aucun contrôle parlementaire, qui prennent les décisions, que les gouvernements doivent ensuite exécuter. Pour mieux comprendre ce processus, le journaliste économique allemand Harald Schumann (auteur de Quand l’Europe sauve ses banques, qui paye ?, diffusé par ARTE en 2013) s’est rendu en Irlande, en Grèce, au Portugal, à Chypre, à Bruxelles et aux États-Unis. Au cours de ce passionnant travail d’investigation, il a interrogé des ministres, des économistes, des avocats, des banquiers, des victimes de la crise, ainsi que le Prix Nobel d’économie 2008, Paul Krugman, qui explique pourquoi cette politique de restriction ne fonctionne pas.


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